Je vous livre ci-après les poëmes de Jean Llamas dit "Petit Jean" qui habitait rue Tirman à Delmonte ORAN



ALGERIE MA TERRE

En mer, le soleil déclinait à l’horizon,…
Il partait avec moi loin de l’autre côté,
De cet adieu, il fut ma dernière vision,
Mon pays m’escortait de sa plus riche beauté.

Dans mon âme aujourd’hui, souffle encore ce vent,
Quelque chose d’inhumain qui m’a déraciné
Greffé dans mon cœur, il est un amour violent
Que je partage avec la terre où je suis né.

Je sens en vieillissant grandir dans ma mémoire,
Un tas de souvenirs qui s’amoncèlent sans fin,
Comme des objets précieux dans le fond d’une armoire
Que l’on retrouve ému, sortis d’un temps lointain.

La chaleur intense réchauffait notre accent,
L’atmosphère joyeuse et fraternelle d’autrefois,
De ce peuple vivant au cœur effervescent
Parlant le français et l’espagnol à la fois.

Le jour tombait à l’heure du réveil des bistrots
Et la nuit nous offrait sa fraicheur étoilée.
Personne parmi les vais amis n’était de trop,
Quand la rue s’esclaffait à chaque blague étalée.

Algérie ma terre, ton visage n’est plus le même,
Que reste-t-il d’antan du chemin fait ensemble ?
A tout vent, comme la cendre, s’éparpille ce que j’aime,
De tout ce qui fut nous, presque rien ne nous ressemble.

Le temps a détruit le fol espoir d’un chagrin,
Tous ces rêves illusoires enfouis dans mes pensées,
Que j’ai cru trop longtemps tenir dans un écrin,
Comme si un jour les choses seraient recommencées !

Jamais je ne verrai deux fois ton paysage,
Sous un ciel bleu étendu à perte de vue,
Ni la chaleur écraser ton maquis sauvage,
Beauté naturelle à ma tendresse éperdue.

Ces souvenirs longtemps ainsi abandonnés,
Seule ma mémoire les déroule en permanence
Dans la vieillesse d’un passé aujourd’hui façonné
Où plus rien ne rappelle l’asile de mon enfance.

Ma vie aura passé sur une envie de retour,
Troublée par l’insomnie presque à chaque sommeil.
Me voilà déjà vieux, proche du bout à mon tour,
Loin, très loin de ce coucher de soleil vermeil…..