Mes anecdotes
                        
                                    Petis souvenirs personnels de là-bas
 
 

Sur cette page, mes anecdotes personnelles

-  Li Caro de la Lumpia
- Quand j'étais chanteur
- La Fin du Monde
- Sant Elmo






" Li Caro de la lumpia "

 

J’ai passé toute ma prime jeunesse dans le quartier de Delmonte au 25 de la rue Tirman à Oran, juste en face de la maison des Candéla et du bureau de poste tenu par Mme DALACHI.

Un peu plus loin, à l’angle de ma rue et de la rue Dixmude était implanté le Commissariat de Police où Monsieur HILL avait son logement de fonction. J’ai énormément de souvenirs avec la famille Hill et notamment Jojo avec qui, comme cela était souvent le cas, j’ai fait les quatre-cents coups, disons plutôt énormément de bêtises. Outre les jeux traditionnels de rue que nous pratiquions et qui parfois s’avéraient dangereux, d’autres histoires plus douloureuses, comme le décès de mon grand-père Bonnet Emile me rattachaient à cette famille (mes parents m’avaient confié à Marinette pendant la durée des obsèques).

A une époque que je ne peux estimer, je pense que nous devions avoir une douzaine d’années, des travaux de raccordements du tout à l’égout étaient à l’origine de larges tranchées sur toute la longueur de notre rue. Bien sur, ce fût très vite un terrain de jeu favorable à nos âneries du moment.

Comme tout un chacun, nous avions un « stack » (lance-pierre) confectionné dans une branche d’olivier préalablement durcie à la flamme de la gazinière familiale. Dès lors, après la classe de l’après-midi, cette tranchée était devenue un terrain favorable à de véritables “batailles rangées” . Nous n’hésitions pas à nous bombarder de jets de pierres, tant à main nue qu’au moyen de nos trop fameux « stacks ». Au risque, bien sur de nous éborgner à vie. Mais çà, nous n’en avions pas conscience.

Les tranchées étaient protégées par des piquets de fer plantés dans le bitume sur lesquels de simples cordes formaient un garde-fou. Sur chacun d’eux trônait fièrement une lampe à pétrole pour signaler le danger, dans le cas où un « bourricot d’Espagne » n’aurait pas vu ce grand trou béant, ou qu’un « borracho » (ivrogne) tombe dans ce ravin à ciel ouvert.

Bien sur ce qui devait arriver, arrivât. D’un coup bien ajusté ou plutôt mal dirigé qui réussit à me rater, notre ami Jojo faisait mouche et brisait le carreau d’une lampe. Ce que nous ne savions pas, c’est que le site était gardé par un ouvrier arabe qui s’empressa de courir après tout ce joli petit monde présent sur les lieux.

Pas très fiers de nos exploits, c’est avec beaucoup d’empressement que nous réfugiions chacun chez soi.
Quelques minutes plus tard, de grands coups frappés sur la porte en chêne massif de notre maison alertaient mes parents. Ma mère se retrouva devant un grand escogriffe qui lui dit : « Madame Bonni, ton fils y la cassé li caro di la loumpia ». Après nombre explications, ma chère  mère lui rétorqua que « son fils à elle, jamais il ne se permettrait de casser le carreau d’une lampe", et en toute mauvaise foi ajouta que je n’avais pas quitté la maison depuis mon retour de l’école.

Mon histoire ne s’arrête pas là, car dès le retour du travail de mon père, je reçus une sévère fessée d'autant plus vexante que je n’étais pas l’auteur du bris de glace et  le “pseudo outil de guerre ” me fut retiré sur le champ. Hélas, je ne l’ai plus jamais retrouvé.

Aujourd’hui, après plus de cinquante ans, je veux rétablir la vérité. Ce n’est pas moi qui ai cassé le carreau de la lampe. Jojo, je ne t’ai jamais dénoncé, mais j’aimerais que tu fasses amende honorable et que tu reconnaisses enfin ton forfait.

J’ai appris par ses parents que Jojo tait inspecteur de police comme moi, mais à Lyon. Résidant à Grenoble, j’aurais pu le revoir. Dommage, cette rencontre n’a pas pu avoir lieu car j’ai appris tardivement qu’il était parti pour Tahiti. Je pense qu’il y est toujours.
 
Alors, Jojo, si tu viens sur mon site et que tu lis cette anecdote, contacte-moi vite..

                                                                

 

                                              

                                             QUAND J'ETAIS CHANTEUR     




Non, non, ce n'est pas du tout une blague que je vous fais ou quelque idée farfelue qui émane de imagination débordante.

A cette époque je devais avoir 16 ans et demi. J'étais à l'âge où tout un chacun se pose énormément de question quant à son devenir d'adulte et devient, par la force des choses, un touche à tout. En cette même période, mes parents et grands-parents étaient amis avec Marguerite Moreau qui vivait à Saint Eugène avec sa fille Marie-Claire. Celle-ci était à peine âgée d'un an de plus que moi. Blonde au cheveux longs, les yeux clairs, elle m'impressionnait quelque peu. Aussi lorsque qu'un jour elle nous dit qu'elle s'était inscrite au Conservatoire de musique et de chant, il ne fallut pas grand chose pour que je la suive sur le même chemin, en rêvant quelque peu aux heures de gloire qui seraient peut-être un jour les miennes.

C'est ainsi qu'avec son aide et ses conseils je me retrouvais élève de M. et Mme LAUTA-VERMEIL

Ces derniers professaient au Conservatoire bien entendu mais également dans leur domicile. Il me semble que celui-ci donnait sur la place d'Arme.

Je peux vous dire ici qu'être chanteur n'est pas de tout repos. A chaque cours, je faisais mes arpèges dans une position particulière qui m'obligeait à rester droit. Imaginez un peu... Quatre parties du corps devaient rester collées au mur: "la tête, le dos, les fesses et les talons". Et ceci, pendant de longues, trop longues minutes. De plus, lors de ces arpèges, il me fallait donner à ma bouche la forme du son exprimé: en rond pour un O, bien ouverte pour un A, etc....

 L'on m'avait expliqué que lorsque l'on chantait à l'Opéra, il fallait que les spectateurs du fond puissent savoir qui chantait sur la scène. Mais, je n'en étais pas encore là, croyez-le bien.

Magré tout, j'ai su à ce moment-là que j'étais bariton-bariton et je m'évertuais à suivre assidument mes cours.

Toutefois, afin d'être élève du Conservatoire, il me fallait passer un examen. Pour ce faire, j'apprenais un Menuet de Mozart intitulé « Lison dormait ».

Vînt le jour fatidique du concours d'entrée. Je me retrouvais sur la scène du Conservatoire. La rampe était éclairée, les feux braqués sur moi. Face à moi, assis au premier rang, une vingtaine de personnes. Mes professeurs, d'autres professeurs de chant et de musique. En fait des gens que je ne connaissais pas et qui m'impressionnaient. Que celui qui n'a jamais eu le trac, lève la main.

A mes côtes se trouvaient une pianiste qui attendait que je me décide. Elle entama une fois l'intro, puis une seconde fois, puis une troisième. Rien... J'étais tellement pétrifié que pas un son ne sortait de ma bouche. Mon professeur, Monsieur VERMEIL qui était un homme très doux mais surtout très patient me demandait de rester calme et de me reprendre. Mais rien n'y faisait.

Il se tournait vers les autres professeurs et leur expliquait que j'étais le plus jeune élève de sa classe, qu'il leur fallait être patients.
Tu parle, çà me faisait une belle jambe.

Comme je n'arrivais pas à sortir un son, Mr VERMEIL me demandait de chanter ce que je voulais afin que l'on puisse au moins entendre ma voix et en juger.

Je me tournais vers la pianiste que l'on disait «terrible» et avec un aplomb digne de mon âge, je lui demandais: «vous connaissez Daniéla des Chaussettes Noires», et comme elle ignorait qui était ce groupe, il me fallut entonner les premières mesures. Bien sur, s'agissant d'une musicienne de qualité, elle pris vite le tempo et je pus chanter ma chanson.

Et bien, je vous le donne en mille. Savez-vous que je réussis à entrer au Conservatoire de Musique et de Chant grâce aux Chaussettes Noires.

Je crois bien être le seul élève de Conservatoire d'Oran à y avoir accédé sans avoir chanté une chanson du répertoire classique.

Plus tard, chez M. Mme Vermeil, je chantais avec Jeanne LABADIE, mes professeurs ayant décidé de faire chanter ensemble la plus ancienne et le plus jeune de leurs élèves. C'était une grande Dame qui arrivait des Etats-Unis, coiffée d'un grand chapeau, vêtue d'une longue robe claire et qui tenait en laisse quatre caniche nains. Ce jour-là aussi, je fus très impressionné.

Je restais deux années au Conservatoire. Puis, les évènements se précipitaient.

Vous connaissez la suite.

Plus jamais, je n'ai chanté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


                             La Fin du Monde

Souvenez-vous, c’était au cours des années  55 ou 57. Depuis plusieurs semaines, une rumeur qui allait  grandissante et qui enflait au fur et à mesure qu’approchait l’échéance, terrorisait même les plus sceptiques d’entre-nous. Les femmes se signaient et invoquaient tous les Saints du Paradis, les hommes fanfaronnaient, en disant : » Tout çà, que c’est que des conneries que tous ces gens de la radio ils veulent nous faire croire ».
Nous les plus jeunes, nous voulions assister à cet évènement hors du commun. Les filles quant à elles  se réfugiaient près de leurs mères et ne sortaient plus que pour aller à l’école. Et encore….
Il me semble même que certains avaient fait des provisions alimentaires pour le cas où... ?
Vous imaginez la situation.
Cet évènement particulier qui allait nous anéantir, c’était ……..la fin du Monde.
Cette fin du Monde était programmée et rien ne pouvait empêcher qu’elle se produise.
A cette même époque, mon père avait acheté un terrain au Cap-Carbon sur lequel nous construisions un cabanon. En fait de cabanon, c’était  plutôt un abri atomique, avec des fouilles de 50 par 50, bétonnées et ferraillées dans la roche. J’en sais quelque chose parce que j’avais pour mission de creuser cette roche dure comme l’acier avec une barre à mine qui devait peser au moins une tonne si  ce n’est plus. (Non, non je n’exagère pas…)
Nous étions entourés de voisins sympathiques et notamment de la famille Rubio de St Eugène qui venait là tous les étés avec leurs  neveux André et Josette Serrano.
Les anciens aimaient bien se réunir le soir après souper pour discuter, refaire le monde ou bien encore jouer aux cartes quand il ne faisait pas très beau.
Nous les jeunes nous profitions de ce moment de répit (nous n’avions pas les parents sur le dos) pour nous amuser hors du giron familial.
Pourtant cette année là,… .. La fin du Monde avait été annoncée.
Comme un fait exprès, la nature s’était déchainée. La mer était démontée, les vagues passaient par-dessus les rochers et les petites criques de sable, et envahissaient parfois les abords des maisons.
Mes parents avaient rejoint les Rubio pour une partie de carte.
Comme de bien entendu, nous les jeunes étions tenus de rester autour de la table, séparés les uns des autres pour le cas où il nous viendrait à l’idée de faire quelques bêtises.
Tout en jouant, ce monde d’adultes discourait sur cette fin du monde annoncée. Chacun allait de sa propre anecdote sur les tremblements de terre nombreux vers chez nous, des cataclysmes qui s’étaient produits dans d’autres Pays en d'autres périodes et, bien sur, des morts que cela avait occasionné.
Enfin, alors que je me trouvais assis entre mes parents, appuyé sur un poteau central qui tenait la charpente sur laquelle était disposé un toit en tôle, une idée que je trouvais géniale me traversa l’esprit.
Pendant que tout ce petit monde continuait de faire monter la mayonnaise sur une fin de monde si proche, je commençais à donner de tous petits coups très rapprochés avec mon poing fermé contre le poteau central, ce qui, par voie de conséquence, faisaient trembler la toiture en tôle.
Les vibrations qui émanaient de cette toiture métallique ressemblaient étrangement à la sensation que l’on ressent lors d’un tremblement de terre. (Ceux qui ont vécu une telle situation savent de quoi je parle).
Dès les premiers coups, tout le monde se figea. Ma mère se leva d’un coup et fit de grands signes de croix, priant Dieu , tous les Saints du Paradis  et dans la foulée même ceux qui n’étaient pas du Paradis , de nous protéger,  de protéger son mari, sa famille, ne s’oubliant surtout pas au passage.
Les hommes qui avaient fanfaronné toute la soirée n’en menaient pas large.
Une fois les tremblements arrêtés, ils s’installaient à nouveau autour de la table, rassurés de ne plus ressentir ces étranges vibrations.
Je recommençais mon manège, une fois, deux fois et une troisième fois un peu plus fort. Et à chaque fois, je jubilais car tous les convives se levaient, se signaient, se lamentais et se rasseyaient quand les tremblements cessaient.  Les filles pleuraient et se collaient dans le giron de nos mères. Qu’est-ce que j’étais heureux de créer une telle psychose.
Hélas, mon père qui ne disait rien depuis un moment et qui avais compris que j’étais l’auteur de ses propres frayeurs, se levait d’un coup et se précipitait pour m’attraper.
Je me levais aussi rapidement qu’il avait voulu me choper et je m’enfuyais dans le vent et la pluie qui battait son plein.
Pendant que j’endurais la tempête, je les entendais tous se réconforter mutuellement, et rire (jaune) de ma blague, rassurés qu’ils étaient que la fin du monde s’éloigne enfin.
Ce soir là, j’échappais à une bonne raclée, grâce à ma mère qui m’avait pardonné.
Les jours qui suivirent, je me fis petit, tout petit.
Cette année 2012, une nouvelle fin du Monde est annoncée le  21 décembre. J’espère que mes enfants et petits-enfants tenteront de me faire croire qu’elle va vraiment avoir lieu.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que j'ai déjà "vécu" une fin du Monde
JM.B



                                     
 

SANT ELMO

J’ai toujours été attiré par le monde de l’irréel, celui dans lequel se côtoient les anges et les démons, le bien et le mal, le gentil et le méchant.
Ce Monde fascinant c’est celui dans lequel nous avons baigné depuis notre naissance, imprégnés que nous étions par ces cultures du berceau méditerranéen, qu’elles aient été catholiques, juives ou musulmanes.
Bien que de religions différentes nous avions les mêmes peurs de l’au-delà, ou des esprits qui pouvaient se manifester, et les mêmes apparitions d’être pleins de gentillesse et de grâce alimentaient nos conversations le soir à la veillée.
Ce que je vais vous conter est la pure réalité. Lisez plutôt..

Je me souviens particulièrement de ces journées chaudes de l’été, journées sans air au cours desquelles nous étouffions littéralement. Ma mère avait un truc extraordinaire qui m’a toujours stupéfait. Ce truc elle l’a renouvelé à plusieurs reprises et à chaque fois cela marchait.
Alors que l’air embaumait les fleurs de lys du jardin et le jasmin et que pas un brin d’air ne pouvait nous rafraîchir, maman se mettait à appeler tout doucement, mais alors tout doucement « Sannnnt Ellllmo, viento, viento» « Sannnnt Ellllmo viento, viento », en insistant bien sur les consonnes pour donner plus de force à ses appels. Elle répétait cet appel plusieurs fois et finissait par un appel plus fort et plus convaincant.
Et bien, vous me croirez ou pas, cela marchait.
Nous levions tous les yeux vers le figuier au fond du jardin ou vers le haut en direction des feuilles de vigne de notre treille. Les feuilles commençaient à vibrer tout doucement dans un léger bruissement.
Oh ! Ce n’était pas un grand vent mais nous étions impressionnés car nous ressentions également la douce caresse de l’air sur nos joues. Ma mère insistait et recommençait ses incantations… « Sannt Elllllmo viento, viento », mais cette fois avec force conviction.
Et bien, je peux vous assurer que cela marchait terriblement bien, la caresse de l’air devenait légèrement plus forte et nous rafraîchissait. Elle répétait autant de fois que nécessaire cet appel jusqu'à ce qu'elle soit entendue.
Bien des années plus tard, avec ma petite famille nous retrouvions mes parents dans un camping en Espagne. Et bien sur, certains soirs il faisait très chaud et pas un seul brin d’air ne faisait frémir le feuillage des arbres. Ma mère commençait ses appels à Sant Elmo, au grand étonnement de mes jeunes enfants qui la regardaient avec la bouche ouverte et qui jetaient néanmoins un œil intrigué vers le sommet des arbres afin de se rendre compte du résultat.
Et bien sur, cela marchait.
Même nos voisins de camping que nous connaissions depuis plusieurs années étaient épatés. Je les soupçonne d’avoir essayé d’appeler Sant Elmo. J’espère qu’ils auront réussi.
J’espère que vous m’avez cru car il s’agit d’une histoire vraie que j‘ai vécue dès ma prime jeunesse. Il m’arrive même, de temps en temps, d’implorer Sant Elmo d’intervenir pour me rafraîchir.
Essayez cet été, vous m’en direz des nouvelles.

Laissez un message pour me dire si cela à marché.
Je n'ai jamais su qui était Sant Elmo. En faisant des recherches sur le net, j'ai appris que Sant Elmo etait le Saint des Marins en Espagne. Je pense que ce Saint était imploré lorsqu'il y avait trop de vent ou lorsqu'il n'y en avait pas suffisamment. C'est pour moi la seule explication. Merci de me renseigner.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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