BOUTIN UN

l'Agent secret de Napoléon
 
 
                         
 

 
                                                                                                  


Dans l’Histoire de l’Algérie Française, il nous appartient d’évoquer un personnage important grâce à qui le débarquement des troupes françaises à Sidi-Ferruch a été possible.
Il s’agit du Sieur BOUTIN ,espion de Napoléon 1er  qui remis à l’issue d’une mission de reconnaissance et de renseignements à Alger, en 1808, des plans et des informations capitales qui, quelques vingt années plus tard, permirent la conception et l’exécution du débarquement de SIDI FERRUCH,  près d’Alger.

C’est le 1er janvier 1772 que nait Yves BOUTIN dans le petit village de LE LOROUX-BOTTEREAU -Loire inférieure- d’un père maréchal-ferrant et d’une mère solide paysanne  bretonne.

Issu d’une famille de six enfants, il se distingue rapidement par son intelligence, sa vivacité d’esprit et par l’intérêt qu’il porte aux choses qui dépassent l’entendement pour un enfant de son âge. Alors que ses frères sont analphabètes, il se distingue par ses facultés d’assimilation de ce qui lui est enseigné. Aussi, quand la période scolaire du primaire arrive à son terme, ses maîtres n'hésitent pas à convaincre le père de faire poursuivre les études à cet enfant doué.

Il part pour  l’école de Nantes et sous la houlette du Préfet des études, celui-là même qui deviendra Ministre de la police impériale, Joseph FOUCHE, il se distingue encore. C’est pendant cette même période qu’il aura pour ami un non moins célèbre personnage « Cambronne ».

                           Il termine ses études à 19 ans. Ses maîtres seront élogieux par ce satisfecit : 

                                         « esprit vif, aime le Muscadet, adore les mathématiques ».


Il effectue ensuite une préparation militaire puis en 1793, il entre à l’école du Génie Militaire de MEZIERES d’où il en sort avec la grade de Lieutenant, encore couvert d’éloges « il s’agit d’un bon ingénieur en fortifications qui sait faire des levées de reconnaissances en grand et en détail ».

 Dès lors, ces qualifications contribueront à en faire un « Agent secret » de premier ordre. De plus, il apparaît comme un homme très fin, réfléchi et particulièrement épris d’aventures.

 Yves Boutin commence sa carrière militaire et par période s’exerce au renseignement

 

Sa mission en "Berberie"

      En 1801, Napoléon 1er a l’idée de mener une expédition en « Barbarie »,
    en d’autres termes de détruire Alger, Tunis et Tripoli.  Puis de là, occuper Malte,   
  Candie et les Iles de mer Ionienne afin de faire de la Méditerranée un lac français 
   pour
détruire définitivement le commerce et l’influence des anglais dans toute cette zone, mais surtout mettre un terme
aux exactions des Pirates Barbaresques.

   Toutefois, la pais signée entre Napoléon et les anglais par le traité d’Amiens   
   interrompt les idées et les dispositions politiques de Bonaparte.

   Les relations entre la France et les Pirates Barbaresques se détériorent du fait de la  
  manifestation d’hostilité de ces derniers à notre égard et, au contraire, de leurs    
  gestes
  favorables en direction des anglais.

 

   Le 18 avril 1808, Napoléon écrit à l’Amiral DECRES, Ministre de la Marine et des Colonies. Dans cette missive, il faut  retenir certains passages particuliers : 

  
      «
Méditez l’expédition d’Alger…un pied sur cette terre d’Afrique donnera à penser à l’Angleterre.. Je ne vous demande une réponse que dans un mois, mais pendant ce temps, recueillez des matériaux tels qu’il n’y ait pas de « mais » de « si » de « car ». "Envoyez l’un de vos ingénieurs de terre. Qu’il se promène lui-même en dedans et en dehors des murs et que, rentré chez nous, il écrive ses observations afin qu’l ne nous rapporte pas de rêveries »

 
C’est au Commandant Boutin qu’incombera cette mission. Le 2 mai 1808, à Toulon, il reçoit ses ordres de l’Amiral Gantheaume. Il embarque sur le
« Requin» avec un ordre de mission secrète du Ministre lui-même.

 Sur le Requin, il n’est plus le Commandant Boutin, mais un simple voyageur coiffé d’un panama et vêtu d’un pantalon et d’une redingote à la mode.

 Une fois à Alger, l’Agent de l’Empereur se rend chez le Consul de France Dubois-Thainville chez qui il loge en permanence, se faisant passer pour l’un de ses proches parents curieux de sites archéologiques.

 Son séjour à Alger dure de 24 mai au 17juillet. Toutefois, sa mission est des plus dangereuses, en raison de la méfiance des Turcs vis-à-vis de ce « roumi »  qui semblen s’intéresser aux défenses et aux abords de la cité.

Dans Alger les « promenades » sont très sévèrement règlementées pour tous les étrangers. Dans la Capitale, toute une partie de la ville leur est même interdite. C’est dire les difficultés que rencontre Boutin.

Toutefois, le Consul use de toutes ses connaissances pour facilité le travail de Boutin qui peut alors fla^ner, se risquant certaines fois dans les zones interdites, poussant jusqu’à Sidi Ferruch, faisant mine de pêcher, tout le long du littoral, avec, en guise d’hameçon au bout de sa canne, un plomb qui lui permet de sonder les fonds. Il se déguise aussi en chasseur afin de parcourir les chantiers, les collines, esquisse quelques croquis, prend des mesures ,note les points d’eau et les accidents de terrain..

Le 17 juillet 1808, Boutin embarque de nouveau sur le Requin qui prend le large vers Toulon.
Cependant, ce voyage qu'il pensait tranquille n'allait pas se passer sans incident. En effet, alors qu'il est en haute mer, le Requin est pris en chasse par un bâtiment Anglais et arraisonné. BOUTIN est fait prisonnier. Toutefois, avant sa capture, il  se débarrasse de ses papiers en les jetant à la mer, y compris son carnet de notes.

Il est emprisonné à Malte doù après quelques jours il réussit à s'évader. Il réjoint Paris le 29 août 1808. Il ne peut rencontrer Napoléon qui est parti pour l'Espagne. Alors, BOUTIN, afin d'assurer sa mission jusqu'au bout, il reconstitue de mémoire toutes les données importantes qu'il avait recueillie sur la côte Algéroise.
C'est ainsi qu'il remet à l'Amiral DECRES un rapport complêt dans lequel il "présente le projet de descente et d'établissement définitif dans ce Pays (l'Algérie)"


Ce rapport est d'une clarté et d'une précision étonnantes compte tenu qu'il a été établi uniquement de mémoire.
Selon les archives encore existantes, on peut y lire  la reconnaissace des villes et notamment d'Alger et ses environs, les points de débarquements possiblesles diverses fortifications et leur mode d'attaque, les batteries en place, les chemins, les forces militaires Turques, le temps que mettrait le Dey à réunir l'ensemble de ses troupes, les forces navales et les munitions, la subsistance. Tout y est.
Dans ce même rappor, il fournit des informations capitales sur TUNIS, ORAN, sur l'eau, la température, l'air, les maladies contagieuses, la meilleure période pour le débarquement.
En clôturant son rapport, BOUTIN signale enfin que "le meilleur endroit pour undébarquement est sans conteste la Pointe de SIDI-FERRUCH"


Malgré la précision de ce rapport pour lequel il est fortement félicité, le projet d'invasion de la BARBARIE ne pourra pas être mis en application en raison de la 5° coalition et de la guerre d'Espagne qui préoccupe l'Empereur.
Ce dossier sera classé aux Archives de la Guerre et n'en sera exhuumé que vingt années plus tard lors du débarquement de 1830.
ROUEMONT et son Etat-Major seront stupéfaits de l'excellence des renseignements ainsi rapportés par l'Officier de l'Empereur.

Les aventures de BOUTIN ne s'arrêtent pas là. Il est affecté dans l'Armée d'Allemagne aux opérations de 1809. Il est blessé à Wagram ce qui met fin à ses missions en Europe.

Il sera tour à tour en Egypte, en Syrie. Pour une raison incompréhensible, BOUTIN s'engage dans une aventure dont le dénouement n'a jamais pu être élucidé.
Au mépris du danger, il décide d'eefctuer la traversée des Monts ANSARIES, entre Tripoli et Antioche. C'est dans ce site que vit une secte mystique dont la réputation fait frémir d'effroi: 'Les Hachashins (fumeurs de haschich)'.
Malgré les avertissements qui lui sont donnés, BOUTIN s'entête et part dans les montagnes avec son domestique. Après quelques jours de marche à travers les vallons encaissés, tous deux disparaîtront corps et biens dans cette aventure risquée.
Les affaires personnelles du Colonel BOUTIN  seront retrouvées en vente sur les étals du bazar de DAMAS;
Le Colonel BOUTIN restera celui qui aura mis le pied le premier dans notre "Histoire de l'Algérie Française".
  


























 




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